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Petits pas, grandes avancées : retrouver confiance en soi par le progrès quotidien

  • Photo du rédacteur: Damien BOUDET
    Damien BOUDET
  • 14 juin
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 sept.

Dans les coulisses de parcours en apparence réussies se joue souvent un autre scénario : celui du doute permanent et de l'autocritique. Et ce, aussi bien dans la vie professionnelle, que dans la vie personnelle. Cette dissonance entre réalité et perception peut devenir un véritable frein à l'épanouissement.


Et si la solution résidait non pas dans une transformation radicale de notre personnalité, mais dans l'attention portée à nos petites victoires quotidiennes ? Le progrès perçu, même infime, constitue un antidote puissant au doute. Il devient un levier précieux pour renouer avec la motivation et la confiance en soi qui nous font parfois cruellement défaut.


Montée marche après marche

Le progrès comme levier de reconstruction intérieure


Le progrès, lorsqu'il est consciemment perçu et valorisé, devient une preuve visible de notre évolution. Même discret, il témoigne de notre capacité à apprendre, à nous adapter, à nous dépasser. Il est la matérialisation de notre potentiel en action.


Chaque petit pas accompli nous redonne du pouvoir d'agir. Face à l'immensité de nos aspirations ou à l'ampleur de nos doutes, l'action concrète et mesurable vient contrecarrer le sentiment d'impuissance. Elle replace entre nos mains les clés de notre développement.


C’est pourquoi, pour ancrer cette pratique dans notre quotidien, il est parfois essentiel de créer une trace tangible de nos avancées :


  • Avec les outils d’évaluation et mesures : certains sont hérités de la psychologie expérimentale ou clinique, d’autres ont plus une fonction de stimulus que l’ambition de quantifier. “Sur une échelle de 1 à 10, comment présenteriez-vous votre objectif ou votre envie ?”  “- je suis à 3 et j’aimerais être à 9 en fin de séance”.

  • Avec l’approche narrative : les représentations conceptuelles constituées de mot du langage liés à des images (ex : une table à quatre pieds), les représentations imagées (ex: photolangage et explications), les représentations liées à l’action en proposant un journal de bord des victoires en consignant chaque jour une action réussie, même minime, et réfléchir à ce que cela dit de ses compétences et de ses ressources. Cela permet de transformer la représentation de soi en acteur efficace et compétent.

  • Avec le débriefing : un recueil du vécu et des ressentis, une analyse du processus, une recherche du sens, “et si c’était à refaire ?” , les prochaines décisions… A noter que la mise en mot est l’acte qui va permettre de rendre le changement plus durable.


Ces outils simples nous permettent de matérialiser ce qui reste souvent invisible : notre progression constante, malgré les obstacles.


Le découragement, ou la perte du lien entre effort et estime


Le découragement survient souvent quand nos efforts semblent invisibles ou sans effet. Dans une culture professionnelle qui valorise les succès éclatants et les transformations spectaculaires, nos petites avancées quotidiennes paraissent insignifiantes. Le piège de la comparaison s'ouvre alors sous nos pas : nous mesurons nos progrès à l'aune des réussites affichées des autres, sans voir le cheminement qui les y a conduits.


Cette dynamique est particulièrement douloureuse pour les personnes souffrant d'une faible estime d'elles-mêmes. Elles développent une hypersensibilité à l'échec ou à la critique qui vient parasiter leur perception du progrès. Un retour constructif devient une remise en question totale, un obstacle mineur se transforme en preuve d'incompétence.

Pour sortir de cette spirale, il est crucial de reconnecter effort, progrès et reconnaissance de soi. Chaque action entreprise, chaque tentative, chaque apprentissage mérite d'être valorisé pour ce qu'il est : une manifestation de notre engagement et de notre volonté d'évolution.


La motivation positive : ne plus piloter le progrès par la peur


Nombreux sont ceux qui avancent poussés par la crainte : peur de l'échec, peur du jugement, peur de ne pas être à la hauteur. Cette motivation par l'évitement est épuisante et peu durable. Elle nous maintient dans un état d'alerte permanent qui finit par éroder notre énergie et notre créativité.


L'alternative consiste à développer une motivation "par le désir de croissance". Il s'agit de se relier à ses valeurs profondes, à ce qui fait sens dans notre parcours professionnel. Qu'est-ce qui, au-delà de la reconnaissance externe, donne de la valeur à notre travail ? Cette source de motivation, plus stable et plus personnelle, nous soutient même quand la validation extérieure se fait rare.


Dans cette perspective, l'auto-bienveillance devient non pas un luxe, mais un véritable carburant du progrès. En nous traitant avec la même compréhension et le même encouragement que nous offririons à un collègue ou un ami, nous créons l'espace intérieur nécessaire à l'apprentissage et à la prise de risque.


Petits déclencheurs, grandes avancées : allumer l'élan de chaque progrès quotidien


Notre quotidien professionnel regorge de micro-succès que nous négligeons souvent : une conversation délicate menée avec tact, une décision prise avec assurance, un mail complexe rédigé avec clarté, une limite posée avec assertivité. Ces moments, lorsqu'ils sont identifiés et valorisés, deviennent des preuves tangibles de notre compétence et de notre progression.


Pour cultiver cette conscience du progrès, il est utile de ritualiser des déclencheurs qui créent un sentiment de continuité dans notre développement. Une question posée chaque soir dans un carnet dédié, un moment d'introspection ritualisé en fin de journée, un échange hebdomadaire avec un allié bienveillant : ces pratiques simples nous permettent de rester connectés à notre trajectoire d'évolution.


Une question particulièrement puissante à se poser quotidiennement est : "Qu'est-ce que j'ai fait aujourd'hui qui me rapproche un peu de la personne que je veux devenir ?" Elle nous invite à aligner nos actions quotidiennes avec notre vision plus large de nous-mêmes, créant ainsi un pont entre le présent et nos aspirations.


Focalisation et engagement : rester dans le mouvement malgré le doute


Face au doute et au manque de confiance, nous sommes souvent tentés de multiplier les fronts d'action, comme pour compenser par la quantité ce qui nous semble manquer en qualité. Cette dispersion est contre-productive : elle dilue notre énergie et nous empêche de percevoir clairement nos progrès.


L'approche la plus efficace consiste à focaliser sur une seule action à la fois, un seul domaine de progression. Cette concentration nous permet de construire de la confiance sur des fondations concrètes, d'observer tangiblement l'impact de nos efforts, et de créer un cercle vertueux d'action et de reconnaissance.


L'engagement dans la durée, au-delà des fluctuations de notre motivation, devient alors une forme de force intérieure. Continuer à avancer, même à petits pas, même quand l'enthousiasme n'est plus au rendez-vous, témoigne d'une maturité professionnelle qui nourrit progressivement notre confiance en nous.


Routines du progrès : bâtir la confiance par la régularité


Les routines agissent comme des garde-fous dans les moments de doute. Elles nous maintiennent en mouvement même quand notre élan intérieur fléchit, quand la confiance vacille, quand les résultats tardent à se manifester. Elles créent une structure protectrice pour notre développement.


Pour les personnes en proie au manque de confiance en soi ou au syndrome de l'imposteur, certaines routines s'avèrent particulièrement précieuses :


  • La routine du feedback positif : prendre l'habitude de demander régulièrement des retours précis sur ses contributions, en orientant la demande vers l'identification des points forts, ou en “sandwich” : les points forts, les recommandations ou points d’amélioration, et clore sur un talent reconnu ou un encouragement pour le futur, pour finir sur un twist valorisant et agréable.

  • Le bilan de fiertés : consacrer chaque vendredi dix minutes à l'identification des trois réalisations de la semaine dont on peut légitimement être fier.

  • Le cercle de soutien bienveillant : instaurer un rendez-vous mensuel avec des pairs de confiance pour partager défis et progrès dans un espace sécurisant.


Ces routines doivent être ajustées selon notre rythme, notre énergie, nos enjeux personnels. L'essentiel est qu'elles soient suffisamment légères pour être maintenues dans la durée, tout en étant assez significatives pour générer un impact réel sur notre perception de nous-mêmes.


Se réconcilier avec soi par le chemin du progrès


Le progrès, même minime, est un puissant outil de réconciliation avec soi. Il nous permet de réduire progressivement l'écart entre qui nous sommes et qui nous pensons être, entre nos compétences réelles et notre perception de celles-ci.


Cette démarche ne vise pas à nous transformer en une autre personne, mais à devenir pleinement nous-mêmes, en reconnaissant chaque pas qui nous rapproche de notre potentiel authentique. Elle nous invite à une forme de patience active : être à la fois bienveillant envers qui nous sommes aujourd'hui et engagé dans notre évolution continue.


Neuropsychologie et progrès : pourquoi notre cerveau est dopé par les "petits succès"


Les neurosciences nous confirment aujourd'hui ce que l'expérience nous suggérait : notre cerveau est littéralement "programmé" pour réagir positivement à la perception du progrès. La nature est ainsi bien faite : chaque fois que nous constatons une avancée, même minime, notre système dopaminergique s'active, libérant des neurotransmetteurs associés au plaisir et à la motivation.

Ce mécanisme, ancré dans notre biologie évolutive, nous encourageait autrefois à poursuivre les activités bénéfiques à notre survie. Aujourd'hui, dans nos environnements professionnels complexes, il continue d'opérer en récompensant notre perception du progrès par un regain d'énergie, de créativité et de résilience. Selon Sébastien Bohler , dans son livre Où est le sens ? - Les découvertes sur notre cerveau qui changent l'avenir de notre civilisation" (Laffont, 2020), une ressource insoupçonnée se trouve enfouie dans notre propre cerveau, un centre nerveux appelé cortex cingulaire, qui nous pousse sans relâche à chercher du sens à nos existences et nos motivations.


Alors maintenant, à vous de jouer : prenez quelques instants pour noter trois petites avancées dont vous pouvez être fier(e) aujourd'hui. Aussi modestes soient-elles, elles témoignent de votre capacité à progresser, à apprendre, à devenir. Elles sont les fondations sur lesquelles se bâtit, jour après jour, votre confiance en vous.



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